RENAISSANCE DU CONGO (12.D.G.P.D)

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L'ENQUETE REOUVERTE

Françafrique : Biens mal acquis... Suggérer par mail
17-05-2009

Omar Bongo, Théodore Obiang et Denis Sassou NguessoLa Françafrique en procès ? La juge d'instruction Françoise Desset a décidé mardi d'ouvrir une information judiciaire pour "recel de détournement de fonds publics" concernant le patrimoine détenu en France par trois présidents africains: le Gabonais Omar Bongo, le Congolais Denis Sassou-Nguesso et le Guinéen Teodoro Obiang. Le dossier, qui mêle intérêts politique et économique, est explosif.

Omar Bongo: 39 propriétés, 70 comptes bancaires. Denis Sassou-Nguesso: 24 propriétés, 112 comptes bancaires. Teodoro Obiang: des limousines, 4 millions d'euros. La liste des biens acquis en France par ces trois dirigeants africains, illustres personnages de la Françafrique, et leur famille, est longue. Et les transactions se chiffrent en milliards d'euros. Deux associations françaises, Sherpa et Transparency France, appuyées par des citoyens gabonais, congolais et guinéens, se sont interrogées: comment ces présidents africains ont-ils pu acheter ces biens avec leurs uniques salaires de chefs d'Etat ?

A titre d'exemple, le président du Gabon possède un hôtel particulier d'une valeur de 18 millions d'euros à Paris, quand son salaire de président n'est "que" de 15 000 euros par mois. Les associations ont vite trouvé la réponse: "Il n'y aucun doute que ce patrimoine n'a pu être constitué grâce aux seuls salaires et émoluments de ces chefs d'Etats." Et porté plainte en décembre pour "recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux, abus de confiance". La plainte est fondée sur les résultats d'une enquête préliminaire de police diligentée par le parquet en 2007 et qui a établi un état des lieux des biens détenus par ces chefs d'Etat.

Deux précédentes plaintes classées

La plainte a été jugée recevable mardi par la doyenne des magistrats du pôle financier de Paris, la juge d'instruction Françoise Desset. Une information judiciaire a été ouverte pour "recel de détournement de fonds publics". Les associations, qui se battent depuis longtemps, sont soulagées: deux précédentes plaintes, respectivement déposée en novembre 2007 et en septembre 2008, avaient été classées sans suite au motif que les investigations n'avaient "pas permis en l'état, de mettre en évidence des infractions pénales". A l'époque, la Cellule Françafrique, collectif de citoyens pour une autre politique de la France en Afrique, avait dénoncé sur leJDD.fr, "une décision politique prise au plus haut sommet de l'Etat".

Car le dossier est explosif. Les trois pays concernés - le Gabon, le Congo-Brazzaville et la Guinée équatoriale -, producteurs de pétrole, sont les fiefs de Total. A plusieurs reprises, Omar Bongo a fait savoir à ses "amis" français qu'il n'appréciait pas la démarche. Un reportage consacré à son patrimoine et diffusé sur France 2 en mars 2008 avait provoqué sa colère. "Le gouvernement réfléchit à la suite à donner aux relations franco-gabonaises", avait lancé l'exécutif, ce qui avait provoqué une certaine agitation diplomatique à Paris. Quelques jours plus tard, le secrétaire d'Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel, qui avait dit vouloir signer "l'acte de décès de la Françafrique", était remercié et remplacé par un UMP bon teint, en la personne d'Alain Joyandet. "Un signe intéressant", avait-on alors commenté, avec un cynisme à peine dissimulé, à Libreville.

Dans ce contexte, le parquet s'est opposé le 20 avril dernier à l'ouverture d'une enquête. Il pourrait désormais faire appel de la décision de la juge, auquel cas la chambre de l'instruction devra trancher, a priori à l'automne prochain. Interrogée mercredi matin sur RMC, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a refusé de commenter le dossier. L'avocat français d'Omar Bongo, Patrick Maisonneuve, estime lui que la plainte est "irrecevable". Et de conclure: "Elle n'a pas qualité pour représenter les citoyens du Gabon. J'espère donc que le parquet fera appel." Il a pour ce faire, cinq jours (le parquet a fait appel).



18/05/2009
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